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MARS 2010 : On cherche des volontaires pour une traduction de link la version ajournée de cette page biographique.

WU MING FOUNDATION: QUI SOMMES-NOUS, QUE FAISONS-NOUS

Four Writersindex Table des matières

00. Prologue
01. Qui est Luther Blissett. Naissance d'un héros populaire
02. Curiosités sur Luther Blissett (musique, discussions, vidéo etc.)
03. Rendre célèbres des artistes imaginaires
04. Rendre célèbres des cinglés imaginaires
05. La nuit où Luther Blissett détourna un autobus à Rome
06. Le roman L'œil de Carafa . Faire le possible et aller de l'avant
07. Il semblerait que Thom Yorke ait une nouvelle mission :-)
08. Copyleft ! Depuis 1996
08. Wu Ming. Plus que ce qu'on pouvait attendre d'une bande d'écrivains
09. New Thing et Guerre aux Humains en Français: sélection de critiques
10. Un exercice de logique pour les plus bouchés
11. Le roman Manituana - premier volume d'un triptyque du XVIIIème siècle
12. Liste incomplète des légendes urbaines et racontars sur notre compte
13. Bibliographie


paragraph Prologue

En 1994, partout en Europe, des centaines d'artistes, activistes et auteurs de canulars choisissent d'adopter la même identité. Ils se rebaptisent tous Luther Blissett et s'organisent pour déclencher l'enfer dans l'industrie de la culture. Il s'agit d'un plan quinquennal. Ils vont travailler ensemble pour raconter au monde une grande histoire, créer une légende, donner naissance à un nouveau type de héros populaire. En janvier 2000, au terme du Plan, certains d'entre eux se réunissent sous le nouveau nom Wu Ming. Ce dernier projet, bien que davantage tourné vers la littérature et la narration au sens strict, n'est pas moins radical que le précédent.


Luther's Faceparagraph
Qui est Luther Blissett. Naissance d'un héro populaire

"Luther Blissett" est un pseudonyme multi-usage – une "réputation ouverte" - adopté de façon informelle et partagé par une centaine d'artistes et agitateurs européens depuis l'été 1994..
Pour des raisons qui demeurent inconnues, le nom est emprunté à link un footballeur anglais des années 80 d'origine afro-caribéenne. En Italie, entre 1994 et 1999, le Luther Blissett Project (un réseau plus organisé au sein de la communauté qui adopte l'identité "Luther Blissett") devient un phénomène très populaire et parvient à diffuser une légende, la réputation d'un héros folk. Ce Robin des bois de l'ère de l'information engage une guérilla dans et contre une industrie de la culture en voie de transformation radicale (nous sommes aux débuts du web), il organise des campagnes de solidarité hétérodoxes envers les victimes de la censure ou de la répression, et – surtout – il orchestre des canulars médiatiques élaborés comme forme d'art. Il revendique toujours ces canulars et il explique quels sont les défauts du système qu'il a exploités pour publier ou transmettre les fausses informations.
Blissett est aussi actif dans d'autres pays, tout particulièrement en Espagne, en Allemagne et au Royaume Uni.
Le mois de décembre 1999 marque la fin du Plan Quinquennal. Tous les "vétérans" se donnent symboliquement la mort. Cet épisode est appelé "le Seppuku" (comme le suicide rituel des Samouraïs).
La fin du LBP n'implique pas l'extinction de son nom, qui va continuer de refaire surface au sein du débat culturel et reste une signature très utilisée sur le web au cours de la première décennie du XXIème siècle.
Le portrait "officiel" de Luther Blissett est réalisé par Andrea Alberti et Edi Bianco en 1994. C'est un mélange de photos datant des années Trente et Quarante (trois grand-oncles et une grand-tante de Wu Ming 1).

box Curiosités sur Luther Blissett
(Musiques, Discussions, Vidéos etc.) 

Piermario Ciani1
Dans la nuit du 2 au 3 juillet 2006, Piermario Ciani est mort. Il n'avait que 55 ans. Ce graphiste, mail-artiste, photographe, éditeur et auteur de grands canulars était aussi l'un des fondateurs du Luther Blissett Project. Nous lui avons rendu hommage ici, ici et ici. Dans la section "Sons" de ce site il y a aussi un hommage audio à Piermario, retransmis sur Radio Onde Furlane le 5 juillet 2006.

2 Quiz sur la littérature italienne publié par le quotidien anglais The Guardian. Jetez un coup d'œil à la première question.

3La fin du Plan Quinquennal fut célébrée avec la sortie de Luther Blissett: The Open Pop Star, une compilation sur cd pleine de musique électronique déviante, de voix mystérieuses et de cut-up à l'état sauvage. Parmi les artistes impliqués il y avait Merzbow, le bruiteur nippon incroyablement prolifique. Deux morceaux sont en écoute libre ici.

4 Luther Blissett (avec un seul t) est le titre d'une chanson de l'album Cabin in the Sky du groupe Tuxedomoon (2004)

5En Grande Bretagne, l'écrivain Stewart Home, auteur de Come Before Christ and Murder Love et 69 Things to Do with a Dead Princess, fut l'un des premiers utilisateurs du pseudonyme multi-usage.

6 Cliquez ici et écoutez Stewart Home déclamer sa nouvelle Cheap Night Out, en live à l'Institute of Contemporary Arts à Londres, le 28 août 1997 (mp3).

7 Cliquez ici et écoutez Luther Bissett (le footballeur) parler de sa saison en Italie et de l'utilisation de son nom comme pseudonyme collectif (ram – Real Player)

8 Cliquez ici et regardez Luther Blissett (toujours le fooballeur) qui répond à une question sur le Luther Blissett Project.

9 Cliquez ici et écoutez The Luther Blissett Enigma, une pièce de théâtre radiophonique retransmise par l'Australian Broadcasting Corporation en 2001.


paragraph Rendre célèbres des artistes imaginaires
La voie du guérillero : Une sélection de canulars de Luther Blissett / 1

Roberto Schembari a.k.a. Darko MaverLe monde des canulars médiatiques de Luther Blissett est plein d'artistes imaginaires, parce que le monde de l'art regorge de gobe-mouches, cibles privilégiées pour quiconque a l'intention de diffuser des légendes.

Janvier 1995. HARRY KIPPER (un homonyme qui n'a rien à voir avec ce gars là), artiste conceptuel anglais, disparaît à la frontière italo-yougoslave pendant un tour d'Europe sur son VTT, alors qu'il avait l'intention, dit-on, de tracer le mot ‘ART' sur la carte du continent. La victime de cette farce est Chi l'ha visto, une célèbre émission qui recherche des personnes disparues et qui est retransmise en prime time sur la troisième chaîne publique italienne [l'équivalent de l'émission française Perdu de vue]. L'équipe de Chi l'ha visto se lance sur les traces de l'artiste-cycliste, et dépense sans compter l'argent des contribuables à la recherche d'une personne qui n'a jamais existé. Elle arrive jusqu'à Londres et se ridiculise. Elle évite que le reportage soit diffusé grâce à une oreillette défectueuse, le jour même où Luther Blissett revendique la farce.

Juin 1995. LOOTA est une femelle chimpanzé dont les tableaux seront exposés à la Biennale de Venise. Victime d'expériences sadiques dans un laboratoire pharmacologique, Loota a été sauvée par un commando de l'Animal Liberation Front. Elle est ensuite devenue une artiste de grand talent. Certains journaux rapportent les faits. Dommage que Loota n'existe pas, mais au fond, quel est le problème ? A la Biennale, les visiteurs déçus peuvent se consoler avec un tas d'ordures produites par des êtres humains.

1998-99. link DARKO MAVER est un sculpteur et un performeur serbe très controversé. Ses œuvres sont des mannequins grandeur nature qui reproduisent les traits de cadavres torturés, mutilés et couverts de sang. Son art est soumis à la censure du régime, et l'artiste se retrouve à un moment donné emprisonné pour "conduite anti-sociale". En Italie, des images des œuvres de Maver sont exposées à Bologne et à Rome. Un appel à la solidarité envers l'artiste est publié sur de prestigieuses revues d'art sur papier glacé. Certains critiques d'arts de renom affirment même connaître l'artiste en personne. Quand "Darko Maver" meurt dans sa cellule pendant un bombardement de l'OTAN, une photo de son corps est publiée sur le web. A un détail près: cet homme n'est en aucun cas "Darko", puisqu'il s'agit en réalité d'un membre sicilien du LBP. La revendication arrive aux médias quelques semaines après le Seppuku de Blissett. Les "œuvres" de Maver étaient des photographies de cadavres authentiques, trouvées sur rotten.com. C'est le dernier grand canular du LBP, et c'est la naissance d'un nouveau groupe : 0100101110101101.org.


paragraph Rendre célèbres des cinglés imaginaires 
La voie du guérillero : une sélection de canulars de Luther Blissett / 2

Le canular le plus complexe et le plus élaboré de Luther Blissett a lieu dans le Latium en 1997, grâce à l'œuvre de plusieurs dizaines de personnes. L'affaire dure un an et touche le thème de la panique morale liée aux messes noires et au satanisme. Des adorateurs du Démon et des "chasseurs de sorcières" chrétiens font leur apparition dans les bois attenants à la commune de Viterbe : ils y laissent des traces (physiques, audiovisuelles et "littéraires") de leurs altercations et de leurs poursuites. Les médias locaux et nationaux gobent tout sans vérifier aucune des informations, bien des politicards sautent à pieds joints dans la marre de la paranoïa de masse et le summum est atteint quand une bande vidéo - plus que bâclée - d'un rite satanique est retransmise par Studio aperto sur Italia 1, jusqu'à ce que Luther Blissett finisse par revendiquer le tout, preuves à l'appui.
La "contre-information homéopathique" : en injectant dans les médias une forte dose de factice qu'il produit lui-même, Luther Blissett démontre l'insuffisance de professionnalité de bien des chroniqueurs et le manque de fondement de la panique morale.
Le "canular de Viterbe" est reconstruit étape par étape danslink cet article [italien] apparu à l'époque sur le site internet de La Republica. Il a ensuite fait l'objet de plusieurs études dans des articles de sociologie et de médialogie. On trouve même un résumé de l'affaire dans la section V du "Rapport Eurispes 1999", à l'intérieur d'une fiche approfondie et détaillée sur Luther Blissett. A vrai dire, selon cet article paru sur la revue française Multitudes, l'inclusion dans le "Rapport Eurispes" d'une fiche sur Luther Blissett fut elle-même une farce Blissettienne ! Le "canular de Viterbe" faisait partie d'une plus vaste campagne d'information, qui comprenait aussi une longue contre-enquête sur le procès intenté aux Bambini di Satana [les Enfants de Satan], un cas journalistico-judiciaire qui bouleversa Bologne dans les années 1996-98, avec des accusations de violence sexuelle, pédophilie, abus rituels et homicide (bien que… à l'encontre d'inconnus).
Dans le livre Bambini di Satana - processo al diavolo. I reati mai commessi da Marco Dimitri (Nuovi Equilibri / Stampa Alternativa, 2006, téléchargeable gratuitement ici ou en vente ici), Antonella Beccaria reconstruit le rôle d'opposition du Luther Blissett Project face à la "monstrification" des accusés opérée par les médias. Des accusés qui sont par la suite innocentés.


A Roman Busparagraph La nuit où Luther Blissett détourna un autobus à Rome

Lors d'un contrôle des titres de transport sur un train italien, quatre personnes n'ont pas leur billet. Jusque là, rien d'insolite, bien au contraire. Sauf qu'au tribunal (au… tribunal ?), au moment de décliner leur identité, tous les quatre disent s'appeler "Luther Blissett".
Il y a encore peu de temps, en cherchant "Luther Blissett" sur le web, on tombait tôt ou tard sur un texte en anglais qui contenait cette anecdote insensée. Il s'agit d'une version très déformée d'un fait réel, qui s'est diffusée grâce à la paresse de certains journalistes de Londres et grâce aux stéréotypes sur l'Italie dont ils se nourrissent (et dont ils nourrissent leur public). D'accord, notre pays a certaines lacunes dans le domaine de la libéralité et regorge de praesumptio culpae et d'abus des forces de l'ordre, mais quand même, on n'a jamais vu quelqu'un finir au tribunal parce qu'il était dépourvu de billet de train !
Mais en fait, l'histoire est beeaaauucoup plus intéressante. Il ne s'agit pas d'un train, mais d'un bus de nuit. Les faits ont lieu le 17 juin 1995. Plusieurs dizaines de ravers/performeurs occupent et en quelque sorte "détournent" le moyen de transport public, armés de grosses radios et de ghettoblasters. La fête mobile, appelée "Bus Néoïste", dure un bon moment, jusqu'à ce que la police décide de bloquer la rue et d'arrêter le véhicule.
Quand les ravers descendent du bus, une querelle éclate entre ces derniers et les policiers, et l'un des agents tire même à trois reprises (heureusement en l'air).
Comme la fête est retransmise en direct sur les fréquences d'une radio de Rome (Radio Città Futura), et comme un envoyé spécial est à l'antenne par liaison téléphonique, les coups de feu sont entendus par des milliers d'auditeurs (Cliquez ici pour écouter le mp3, 128k, provenant du cd Luther Blissett: The Open Pop Star, WOT4, 2000).
Dix-huit personnes sont arrêtées. Sur le moment, certaines d'entre elles déclarent s'appeler Luther Blissett, mais aucune ne confirmera cette identité au commissariat. Les médias couvrent largement l'épisode, qui montre à quel point le nom "Luther Blissett" est en train de pénétrer certaines sous-cultures juvéniles comme un fil à couper le beurre.
On ne sait toujours pas comment le tohu-bohu en question a bien pu se transformer en l'histoire abracadabrantesque des "quatre hommes dans le train". Il y a bien eu un procès pénal à charge de quatre personne, oui, mais sûrement pas parce qu'elles n'avaient pas leur billet (et encore moins… de train). Les accusations étaient : résistance, outrage, menaces et lésions sur agent de police. Les accusés furent définitivement acquittés en 2002.


Q, frontcover of the British paperback editionparagraph
Le Roman L'œil de Carafa
Faire le possible et aller de l'avant

Le roman L'œil de Carafa est écrit par quatre des membres de la colonne bolonaise du Luther Blissett Project, en tant que contribution au projet, et il est publié en Italie au mois de mars 1999. Il est traduit dans les années suivantes en anglais ( Royaume Uni/Commonwealth et Etats Unis ), espagnol, allemand, hollandais, français, portugais (Brésil), danois, polonais, grec, russe, tchèque et coréen.
Le roman est situé au XVIème siècle en Europe centrale, pendant les soulèvements paysans et les révoltes populaires qui faillirent faire "dérailler" la réforme protestante, avant d'être noyés dans le sang avec le consentement enthousiaste de Luther.
McKenzie Wark (et non pas "Wark McKenzie" comme certains l'appellent en Italie… y compris son éditeur) auteur d'Un manifeste Hacker, conclut sa critique de L'œil de Carafa par ces mots :
« L'œil de Carafa est dans un certain sens un livre optimiste… Le thème est celui d'une résurrection grâce à la narration. La narration rend encore possible le retour des marginaux et des exclus du pouvoir. Un retour non pas en tant que victimes, mais comme nouveau genre de héros. Le genre de héros qui travaille en situation, fait de son possible, et recommence sans cesse. Un Luther Blissett. »

paragraphThom Yorke Il semblerait que Thom Yorke ait une nouvelle mission :-)

Dans une interview des Radiohead, parue le 9 décembre 2007 sur l'Observer Music Monthly, on peut lire:

Thom est en train de lire L'œil de Carafa, le livre du mystérieux groupe anarchiste italien Luther Blissett [ehm]. J'essaie de lui dire que moi aussi j'ai essayé de le lire.
« Putain, mais c'est génial ! Mais ma copine, tu sais, c'est sa spécialité, elle m'a tout expliqué, du début à la fin. Les carnages faits par l'Eglise, les histoires du Moyen âge. Des histoires compliquées. Je veux en faire un film. C'est mon prochain objectif. »
Tu utiliseras les recettes de In Rainbows ?
« Mmm-mm » fait Thom Yorke en remuant la tête. « J'en doute. Ça suffirait à peine pour le ravitaillement. »



paragraph Copyleft!

Depuis 1996

Outre la complexité de l'intrigue et le contenu allégorique, la mention "copyleft" inscrite dans le livre fait parler du roman. Ceux qui s'en étonnent sont ceux qui ignorent que la pratique critique du "copyright comme nous l'avons connu" a toujours fait partie intégrante de toutes les activités blissettiennes (plusieurs années avant les licences Creative Commons, qui fourniront une première (mais précaire) synthèse de biens des parcours).
Dans l'interview à WM publiée dans le livre de Antonella Beccaria Permesso d'autore:

« Pendant la seconde moitié des années Quatre-vingt et la première moitié des années Quatre-vingt-dix, en Occident et surtout en Italie, on assiste à la montée d'un certain engouement pour le concept "no copyright". C'est avec ce titre que ShaKe [maison d'édition milanaise] publie une anthologie de textes sur le sujet, sous la direction de Raf Valvola. C'est un sous-bois aux milles racines : la culture "do it yourself" du punk rock (sur toutes les couvertures de disques hardcore-punk italiens on trouve le slogan "Fuck SIAE" [la SIAE est la société italienne de gestion des droits d'auteurs]) ; le monde des autoproductions et des fanzines (de photocopie en photocopie, ce sont les fanzines qui diffusent le célèbre détournement du logo des maisons de disques anglaises, une cassette audio en forme de tête de mort avec le slogan : "Home Taping is Killing Music, and It's Illegal" qui devient : "Home Taping is killing Business, and It's Easy"), le réseau de l'art underground, de l'art xerox, du mail art, du néoisme (en 1988-89 Stewart Home et Florian Cramer organisent les festivals du plagiat) ; le monde du cut'n'mix qui, venant de la dub et du premier hip-hop, arrive à la "house music" au sens large, musique faite maison, avec des échantillonneurs et d'autres technologies enfin disponibles sur le marché ouvert aux particuliers. Le Luther Blissett Project naît en 1994 au croisement de toutes ces influences et, plus en amont, il prend sa source dans d'autres courants de pensée (Le proto-surréaliste Lautréamont disait : « le plagiat est nécessaire, le progrès l'implique »), encore en amont dans la culture populaire de l'époque féodale, et toujours plus en amont, dans le classicisme et dans l'antiquité ; il tire en fait son origine de courants de pensée qui existaient avant que les institutions de propriété intellectuelle ne fassent leur apparition.

Voici la mention présente sur les livres de Blissett/Wu Ming à partir de L'œil de Carafa :
« La reproduction totale ou partielle de l'œuvre ainsi que sa diffusion par voie télématique sont autorisées, sous condition de fins non commerciales et de reproduction de la présente mention. »
Les écrits de Wu Ming sur copyright, copyleft et propriété intellectuelle sont archivés ici.

band
DECLARATION DE DROITS (ET DE DEVOIRS) DES NARRATEURS
paragraph Wu Ming
Plus que ce qu'on pouvait attendre d'une bande d'écrivains

Au mois de janvier 2000 un cinquième écrivain rejoint les quatre auteurs de L'œil de Carafa. C'est un nouveau groupe qui voit ainsi le jour, Wu Ming (nom complet : Wu Ming Foundation).
link Wu link Ming » est une expression chinoise qui signifie « sans nom » (無名) ou bien « cinq noms » (伍 名), selon la façon dont on prononce la première syllabe. Le nom du groupe est entendu aussi bien comme hommage à la dissidence ("Wu Ming" est une signature très commune parmi les citoyens chinois qui demandent la démocratie et la liberté d'expression) que comme refus de la machine à fabriquer de la célébrité, sur la chaîne de montage de laquelle l'auteur devient une star. "Wu Ming" fait aussi référence au troisième vers du Dàodéjing (Tao Te Ching): "Wu ming tian di zhi shi", « Sans nom est l'origine du ciel et de la terre ». "Wu Ming" (??) peut aussi signifier "ne pas comprendre" en cantonais (merci, Wesley!).
Strictement parlant, nous ne sommes pas anonymes. Nos noms ne sont pas secrets. Nous utilisons cependant cinq noms de plume composés du nom du groupe plus un numéro, suivant l'ordre alphabétique de nos noms de famille. La groupe est formé par : Roberto Bui alias Wu Ming 1, Giovanni Cattabriga alias Wu Ming 2, Luca Di Meo alias Wu Ming 3*, Federico Guglielmi alias Wu Ming 4 et Riccardo Pedrini alias Wu Ming 5.
Entre 2000 et 2006 l'œuvre la plus ambitieuse de Wu Ming a été 54, un roman comprenant des dizaines de personnages (parmi lesquels Cary Grant et le Maréchal Tito) situé en 1954, jusqu'à présent traduit en anglais, hollandais, espagnol et portugais. Le livre a aussi inspiré le groupe folk-rock des Yo Yo Mundi, dont l'album concept (lui aussi intitulé 54) est sorti début 2004.
Les membres du groupe ont aussi écrit des livres "en solo". Dans l'ordre : Havana Glam de Wu Ming 5 (2001), Guerre aux humains de Wu Ming 2 (2004 - publié en France chez Métailié, 2007), New Thing de Wu Ming 1 (2004 - publié en France chez Métailié, 2007), Free Karma Food de Wu Ming 5 (2006) et le meilleur de tous, Stella del mattino de Wu Ming 4 (2008).

* En mai 2008 Luca Di Meo a quitté le groupe. Depuis ce moment là, Wu Ming est un quartet.

NEW THING et GUERRE AUX HUMAINS en Français: sélection de critiques

Le Monde - L'Humanité - L'Italie à Paris - TF1 - Le Devoir - Critiques Libres - Agora Vox - SFL - La matricule des anges - Arts Livres - Culturopoing

Le groupe est aussi co-auteur du scénario de Lavorare con lentezza (mise en scène de Guido Chiesa, 2004, ici, le site officiel).
En 2007, une anthologie de jazz radical des années Soixante est sortie sous la direction de Wu Ming 1 : The Old New Thing (2 cd + livre).


paragraph Un exercice de logique pour les plus bouchés

Nous invitons ceux qui, encore aujourd'hui, après tant d'années, continuent de proférer des phrases du genre :
1) « Les 5 écrivains qui se cachent derrière le pseudonyme collectif "Wu Ming"… »
2) « Quel sens y a-t-il à ne pas signer de leur propre nom alors que tout le monde sait comment ils s'appellent en réalité ? »
à effectuer les substitutions suivantes :
"97" au lieu de "5" : "musiciens" au lieu de "écrivains" ; "London Symphony Orchestra" au lieu de "Wu Ming".
L'absurdité des précédentes affirmations devraient sauter aux yeux. Mais si des doutes subsistaient voici une citation qui fait date (in Giap n.1, IVème série, 21/01/2003):

"Wu Ming" est le nom d'un collectif de cinq personnes, d'un groupe, comme les "Rolling Stones" ou "I Giganti" ou "Premiata Forneria Marconi" […] personne n'a jamais accusé un groupe rock de lâcheté parce qu'il utilisait un nom collectif, sinon tout le monde devrait faire comme Emerson, Lake & Palmer, ou comme Crosby, Stills, Nash & Young. Vous imaginez un livre signé "Bui, Cattabriga, Di Meo, Guglielmi & Pedrini"? […] Le nom de ce groupe a une signification en chinois, qui est "anonyme", mais ça ne veut pas dire – littéralement, platement – que nous sommes des paranoïaques de l'anonymat ; cela signifie que nos noms et notre éventuelle présence dans le misérable star système du milieu du roman italien ne devraient avoir d'importance ni à nos yeux, ni à ceux de nos lecteurs. Si les noms des groupes devaient être interprétés littéralement, alors Sting, Andy Summers et Stewart Copeland devraient être considérés comme de véritables policiers, et nous pourrions aller acheter du pain à la boulangerie Marconi. Au sein de notre groupe, chacun de nous utilise une sorte de "nom de plume", qui est composé du nom du groupe plus un numéro, suivant l'ordre alphabétique de nos noms de famille […]. L'histoire du rock (et surtout du punk) est pleine à craquer de groupes dont les membres avaient un pseudonyme : dans les Sex Pistols il y avait "Johnny Rotten" et "Sid Vicious", qui en réalité s'appelaient John Lydon et John Beverley. L'usage de pseudonymes, hétéronymes, noms de plume, [est] constant et omniprésent à toutes les époques… Dans le rock il s'agit de milliers de cas, dans la littérature (Ed McBain et Evan Hunter sont deux écrivains différents mais ils sont aussi la même personne, sans parler de Pessoa)...


paragraph Le roman Manituana
Premier volume d'un triptyque du XVIII° siècle

Le roman collectif Manituana est arrivé dans les librairies italiennes le 20 mars 2007 [et sera disponible en 2008 chez les libraires français]. Nous y avons travaillé depuis fin 2003. L'histoire se passe dans les années 1770, des deux côtés de l'Atlantique et c'est le premier volume d'un triptyque qui va nous occuper au moins jusqu'en 2012. Manituana est aussi une partie d'un projet transmédia de "construction d'un monde", une narration qui se poursuit sur différents médias et dans différents langages (musique, bande dessinée, vidéo etc.). Le pivot de ce projet est le site officiel, manituana.com. En mai 2007 huit groupes de l'étiquette indépendante casasonica (fondée par les Subsonica) ont enregistré autant de morceaux inspirés de Manituana, une des bandes son possibles du livre.
Ah, on oubliait : avec Manituana nous avons atteint notre petit record de placement dans les classements :-)


paragraph Are we anarchist? No.Liste incomplète de légendes urbaines et racontars sur notre compte

"Incomplète" parce que la liste complète serait plus longue que Anna Karenine. On trouve pas mal de gens en proie à la paranoïa "Blissett/Wu Ming" qui passent une grande partie de leur existence à divulguer des infamies dont nous serions responsables. Il y a ceux qui s'y adonnent parce qu'ils sont restés trop longtemps sans chapeau au soleil, et il y a ceux qui le font pour le simple plaisir de médire. Nous avons l'habitude de nous voir attribuer les positions et les intentions les plus étranges et d'être aperçus un peu partout, encore pire que des ovnis. Nous sommes derrière chaque buisson, derrière chaque pseudonyme utilisé sur le web, derrière chaque opération marketing éditoriale conçue dans notre pays durant ces dix dernières années, et bien entendu nous sommes les commissionnaires et/ou les exécuteurs de chaque complot imaginable (macro et micro, de gauche, de droite et de centre, juif et/ou antisémite etc.). Sur le web on trouve vraiment de tout, comme ce pamphlet clérico-fasciste de 1997 [en italien], mais sur indymédia certains ont écrit des choses encore plus extrêmes, il y a un même un journaliste qui nous accuse de le persécuter par tous les moyens. Selon ses dires nous aurions carrément manipulé Google pour associer ses nom et prénom à l'URL de sites pornographiques et nous serions les vrais auteurs de 100 coups de brosse avant d'aller dormir de Melissa P.!
On a aussi entendu parler d'un type qui doit avoir vu Lavorare con lentezza et confondu auteurs et personnages : ce gars-là soutiendrait en effet avoir été agressé en 1977 par des individus armés de barres de fer, et s'être défendu en brandissant un tube de gaz. Parmi les agresseurs il y avait aussi Wu Ming 1, que notre héros a frappé au front, l'obligeant à fuir. Tout cela place Re Enzo, à Bologne.
En 1977 Wu Ming 1 vivait à Dogato (province de Ferrare) et fréquentait le cours préparatoire de l'école primaire "G. Carducci".
Un jour ou l'autre quelqu'un étudiera à fond ces curieux mécanismes psychologiques et ces phénomènes d'involontaire guérilla marketing en notre faveur. Nous allons laisser de côté les dérives psychotiques les plus sauvages des conspirateurs pour nous concentrer sur quelques lieux communs liés à notre activité.

1. Aux dires de certains, nous serions en quelque sorte liés à Umberto Eco et/ou nous aurions été ses élèves, et/ou Eco aurait collaboré à L'œil de Carafa et/ou ce serait même lui qui l'aurait écrit et nous ne serions rien d'autre que des "prête-sans-noms" et/ou L'œil de Carafa serait un roman semblable au Nom de la rose.
Nous n'y voyons rien de mal, mais nous tenons à préciser que nous n'avons aucun lien avec Umberto Eco, nous n'avons pas été ses élèves, nous n'avions pas son premier roman à l'esprit quand nous nous sommes lancés à tête baissée dans l'aventure de L'œil de Carafa. Notre roman nous semble bien différent du Nom de la rose. L'époque est différente (moyen âge dans un livre, naissance de l'époque moderne dans l'autre), l'inspiration est différente (le roman policier classique à l'anglaise d'une part, le roman d'aventures de l'autre), le contexte et la structure sont différents (unité aristotélique dans un livre, narration picaresque et vagabonde dans l'autre ; nombre limité de personnages pour l'un, multitude infinie pour l'autre), les choix stylistiques sont très différents. Bien sûr, dans les deux livres on raconte des révoltes, des hérésies et on parle de l'inquisition, mais alors on pourrait comparer L'œil de Carafa à Taxi Driver (dans les deux œuvres on parle de fous et d'exploiteurs) ou L'œil de Carafa au crack Parmalat (dans le roman on parle de banques et d'escroqueries).
« Je crains que les journalistes britanniques ne se soient attachés à cette idée seulement parce que Le nom de la rose est le dernier livre italien qu'ils ont lu avant le nôtre. » (Wu Ming 1 interviewé par The Guardian, 28 août 2003). Et bien évidemment, cela vaut aussi pour certains journalistes italiens.

2. Aux dires de certains, nous serions des "situationnistes". Et en Grande Bretagne, il y en a qui s'obstinent à nous définir "anarchistes". Ça nous laisse vraiment très très perplexes. Ces épithètes ont-ils encore un sens, ou bien est-ce qu'on les balance sur les gens au petit bonheur la chance, faute de mieux (et ensuite ils sont repris de bonne foi par d'autres, et considérés comme justes) ? Nos poétiques et nos stratégies n'ont absolument rien à voir avec la théorie de celle qui se définit comme "Internationale Situationniste", y compris ses héritiers et ses affiliés. Quant aux anarchistes, nous les respectons (du moins certains), mais notre histoire est différente.

3. La rumeur court que nous aurions frappé un photographe "coupable" de nous avoir immortalisés. La date et le lieu changent, mais la base des différentes versions est la même. Et bien cela n'a jamais eu lieu, en aucune circonstance. C'est vrai en revanche que, comme Awda Abù Tayy dans Laurence d'Arabie ou King Kong dans la célèbre scène des flashs, nous n'apprécions guère d'être photographiés. Nous ne fréquentons même pas les plateaux télé. Nous sommes timides.


paragraph Bibliographie

Q (Einaudi, Turin 1999 - Mondadori, Barcelone 2000 - Seuil, Paris 2001 (title: L'Oeil de Carafa) - Wereldbibliotheek, Amsterdam 2001 - Hovedland, Jøbjerg 2001 - Travlos, Athena 2001 - Piper, München 2002 - Conrad, São Paulo 2002 - Heinemann, London 2003 - Harcourt, Orlando, FL 2004 - Wydawnictwo Albatros, Warszawa 2005)
Asce di guerra (écrit avec Vitaliano Ravagli, Tropea, Milan 2000)
Havana Glam (Wu Ming 5, Fanucci, Rome 2001)
54 (Einaudi, Turin 2002 - Mondadori, Madrid 2003 - Vassallucci, Amsterdam 2003 - Harcourt, Orlando, FL 2004)
Esta revolución no tiene rostro (Acuarela, Madrid 2002)
Giap! (Einaudi, Turin 2003)
Guerra agli umani (Wu Ming 2, Einaudi, Turin 2004 - Métailié, Paris 2007)
New Thing (Wu Ming 1, Einaudi, Turin 2004 - Métailié, Paris 2007)
Asce di guerra 2005 (écrit avec Vitaliano Ravagli, Einaudi, Turin 2005)
Free Karma Food (Wu Ming 5, Rizzoli, Milan 2006)
Manituana (Einaudi, Turin 2007)
Previsioni del tempo (Edizioni Ambiente, Milano 2008)
Stella del mattino, (Wu Ming 4, Einaudi, Torino, 2008)

Dernière mise à jour : 25 mai 2009
Traduit de l'italien par Estelle Paint (avec Marco Revelant)


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